PATRICK BRUEL,
PROPRIÉTAIRE PASSIONNÉ

PATRICK BRUEL – Propriétaire passionné

Acteur, chanteur, compositeur… et désormais vigneron et oléiculteur. Derrière l’artiste, se révèle un amoureux des terroirs, de la Provence et des produits d’exception. Rencontre avec Patrick Bruel, propriétaire du Domaine de Leos, à L’Isle-sur-la-Sorgue.

Vous êtes connu comme acteur et chanteur, mais peu savent que vous êtes passionné par le vin et l’huile d’olive. D’où vient cet amour des terroirs ?

J’ai grandi dans un monde où le vin tenait une place importante. Très tôt, j’ai été initié à l’art de le déguster, à en comprendre la subtilité et l’histoire. Plus tard, avec Philippe Faure-Brac (meilleur sommelier du monde à Rio en 1992), nous avons créé le Club 12/Vin. Pendant des années, à Paris et dans les appellations, nous avons organisé des cycles d’initiation et des dégustations à l’aveugle. C’était pour moi une période d’apprentissage extraordinaire.

Mes voyages m’ont mené dans les plus belles régions viticoles : Bordeaux, Bourgogne, Rhône, Alsace, Loire, Provence, Napa Valley, région du Cap… Partout, j’ai rencontré des vignerons passionnés, échangé avec des experts, appris de leurs savoir-faire. J’ai eu l’honneur d’être intronisé dans diverses appellations (Jurade de Saint-Émilion, Giscours, Hospices de Beaune, Beaujolais, …).
Quant à l’huile d’olive, si elle a toujours fait partie de la cuisine que j’aime, j’en connaissais peu la technique — mais j’ai toujours été fasciné par l’olivier, symbole de longévité, de naturalité et de paix.

Pourquoi avoir choisi L’Isle-sur-la-Sorgue pour votre projet ?

Ce fut une rencontre. En 2007, je découvre une propriété en sommeil, posée sur le plateau historique de Margoye. Ça a été un coup de foudre. Ce magnifique projet est né à ce moment-là.

Leos, c’est la contraction des prénoms de mes fils, Léon et Oscar. Cette terre, je l’ai pensée pour eux. J’espère qu’ils poursuivront cette aventure et ce projet que j’ai initié.

Pouvez-vous nous raconter l’histoire du Domaine ?

Ce plateau est chargé d’histoire. Il a abrité un oppidum puis une commanderie hospitalière. On y cultivait oliviers, vignes, amandiers et chênes truffiers. En février 1956, le gel détruit la majorité des oliviers de Provence ; le domaine s’endort, les vignes sont arrachées, les terres mises en jachère.
À mon arrivée, j’ai voulu redonner vie à ce terroir. Avec une équipe d’experts passionnés, nous avons régénéré les oliviers, planté de nouveaux arbres, restructuré les sols et protégé le site. Entre 2011 et 2019, plus de 2 300 oliviers ont été plantés. Nous avons aussi introduit des chênes truffiers, installé des ruches, récolté lavande et thym sauvage pour créer de nouvelles gammes (miels, confitures, confit) et, plus récemment, les olivades.

Le vin est arrivé plus tard. Comment est née cette aventure ?

C’était une évidence. J’ai toujours eu une passion pour le vin, et le terroir s’y prêtait.

En 2019, sous l’expertise de Stéphane Derenoncourt, nous avons planté les premières vignes, et à nouveau planté de nouvelles vignes en 2022, 2023 et 2025. L’envie, c’était de créer un vin qui ait une identité forte et reflète l’exigence que nous mettons dans tous nos produits. Puis, j’ai eu la chance de rencontrer Nicolas Jaboulet et la famille Perrin. Nous partagions les mêmes valeurs : excellence, transmission, respect du terroir. Ensemble, nous avons élaboré des cuvées ambitieuses, Leos Cuvée Augusta Rosé, lancée en 2022 et un blanc raffiné, sorti en 2023. A partir de cette date, ces vins ont été distribués à l’international.

Quant aux rouges, ils ont patiemment vieilli en barriques pour une commercialisation fin 2025.

Plus récemment, nous avons acquis des parcelles en Côtes de Provence, près de Cotignac.

Comment atteignez-vous un tel niveau d’excellence ?

Je crois que c’est une affaire de passion et de rencontres. Produire un grand vin, une huile rare ou des cosmétiques d’exception, c’est avant tout un métier de créateur. J’ai cherché les meilleurs talents, constitué une équipe formidable avec qui je partage une ambition commune : faire du Domaine de Leos une référence.

J’ai aussi beaucoup appris. Je pensais bien connaître le vin, mais j’ai découvert que l’huile d’olive est tout aussi complexe ! Il a fallu comprendre, expérimenter, travailler. Ça n’a pas été facile, mais le résultat est là. Aujourd’hui, je suis fier de la qualité de nos produits, et de tous les prix et reconnaissances internationales que nous avons obtenus ; mais je n’oublie pas que l’excellence est un chemin, jamais une destination. J’aime citer René Char, poète originaire de L’Isle-sur-la-Sorgue : « L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne. »

Quels sont vos projets pour l’avenir du Domaine ?

Nous travaillons actuellement sur de nouveaux projets d’agrotourisme, en synergie avec l’hôtel L’Isle de Leos, que nous avons ouvert dans le cœur historique de L’Isle-sur-la-Sorgue. C’est une manière pour nous d’aller plus loin dans le partage : offrir à nos clients une expérience où l’on découvre non seulement nos produits, mais aussi l’âme du domaine et la philosophie qui nous anime.

En parallèle, nous poursuivons notre travail sur la qualité du terroir et sur la préservation de la biodiversité. Labellisé Haute Valeur Environnementale (HVE 3) et en conversion biologique depuis 2022, le Domaine s’engage désormais dans une démarche encore plus ambitieuse : explorer les voies de la biodynamie et de l’agroforesterie, qui s’intègrent naturellement à l’équilibre du site.

Notre ambition demeure : créer des produits d’exception nés de nos oliviers, de nos vignes, de nos fruitiers et de nos plantes aromatiques — dans le respect des rythmes naturels. Nous avançons avec humilité et patience, convaincus que le temps est notre meilleur allié. Et derrière chaque décision, une conviction nous guide : « On ne crée bien que ce que l’on aime. Et l’on ne partage vraiment que ce qui nous passionne. »